André Mandon et Roger Girardat - Morts pour la France

Benoît Landrevie, habitant de Guernes s’est penché sur la mort d’André Mandon et Roger Girardat, bien connus dans le village car ils sont morts en voulant chasser les Allemands.

Il y a l’Histoire avec un grand H et les petites histoires qui font la grande. Benoît Landrevie, habitant de Guernes s’attache à reconstituer ce puzzle pour mieux comprendre le passé de son village et des alentours. Parmi ses périodes historiques favorites, il y a la Seconde Guerre mondiale. Et dans le Vexin, frappé en 1944 par une bataille faisant près de 3 000 morts, il y a beaucoup à dire sur le sujet.

André Mandon en haut à gauche de la photoAndré Mandon en haut à gauche de la photo

Morts pour la France

Les résistants André Mandon et Roger Girardat, dont les noms sont honorés sur des plaques commémoratives dans le village. « morts pour la France », selon la formule consacrée, se sont illustrés le 19 août 1944.

Les alliés ont alors déjà remonté la Normandie. Un bataillon est stationné à Rosny, de l’autre côté de la Seine, prêt à franchir le fleuve pour aller reprendre Paris. En face, une poignée de troupes allemandes tient toujours le village. Les habitants craignent un bombardement.

« Raymond Ledebt, le fils du maire, va parler aux Américains pour éviter cela. Un officier du renseignement lui suggère alors de convaincre les Allemands de se rendre », retrace Benoît Landrevie.

Le jeune homme s’exécute. Très vite, ceux qui tenaient une pièce d’artillerie déposent les armes. « C’était une majorité d’Ukrainiens enrôlés de force. Il n’y a pas eu besoin de beaucoup insister. »

Action coup de poing

Ne restent plus que trois Allemands, postés dans une maison transformée en dépôt de munitions, dans l’actuelle rue des Caillouets. Pendant que le maire négocie pour obtenir leur reddition, nos deux hommes entrent en scène.

Girardat, d’abord. Accompagné de plusieurs copains, cet homme de 40 ans entreprend de les déloger par les armes. Il y aura un échange de coups de feu. « Roger Girardat, qui n’avait pas une grande expérience militaire, entre dans la maison et monte les escaliers. Il n’en ressortira pas debout », raconte le passionné d’Histoire.

Bataille autour d’un dépôt de munitions

Après ce premier échec, plus tard dans la matinée, un deuxième groupe de civils décide de prendre d’assaut cette forteresse improvisée. Les résistants canardent à tout va depuis un poste de tir en contrebas. Mandon, 21 ans, paiera lui aussi de sa vie un acte sans doute un peu inconscient. « Il monte la côte, face à la maison. Un Allemand a lancé des grenades qui ont roulé dans la descente et l’une d’elles a explosé à proximité de lui », détaille le spécialiste.

Pour éviter un nouveau bain de sang, on laissera les soldats s’enfuir en douce dans la nuit.

Fin de l'histoire

Benoît Landrevie, qui a fait des études d’histoire, a passé de longues heures à fouiller les archives municipales, consulter l’état civil, lire tout ce qui avait été écrit sur le sujet et sonder les anciens pour reconstituer le récit de ces deux hommes, mort tragiquement en voulant sauver leur village.

« Le terme de résistant est parfois un peu galvaudé. Certains n’ont participé qu’à une action, en toute fin de guerre. » Benoît Landrevie

Ses recherches ont permis de clore le débat sur l’orthographe de Mandon, écrit avec une faute sur une plaque de nom de rue à Rosny-sur-Seine. Il a appris également que les deux hommes n’étaient pas morts sur le coup, contrairement à ce qui s’est dit pendant longtemps dans le village, mais quelques heures plus tard, des suites de leurs blessures.

Ce travail permet de mieux contextualiser ces faits de guerre, certes parfois anecdotiques, mais qui contribuent à documenter le passé d’une ville ou d’une région. Une sorte d’historien à l’échelle micro locale, à qui l’ont fait appel pour résoudre les petits mystères d’antan.

Source : https://actu.fr/ile-de-france