La cabane du cantonnier
Sans doute nombre de livreurs, voire de Guernoises et de Guernois s’étonnent de trouver une petite maisonnette, en venant de Dennemont et en entrant sur le territoire de la commune de Guernes, près du bord droit de la départementale 147.
Il s’agit de la cabane du cantonnier. Ce genre de construction, édifié dès le XIX ème siècle servit jusque dans les années 1950.
À quoi destinait-on cette cabane du cantonnier ? Le cantonnier, agent de l’État, chargé de l’entretien de la route et de ses bas-côtés, ici, vraisemblablement de Guernes à Dennemont, ce qui expliquerait la situation de cette cabane, qui était utilisée comme remise à outils. Le cantonnier y rangeait souvent une brouette, une faux, une faucille, une masse pour casser les cailloux, une dame pour les tasser …
La cabane du cantonnier guernoise comporte une cheminée ce qui n’est pas toujours le cas. Ceci conduit à penser que le cantonnier pouvait s’y réchauffer et faire cuire son repas tandis qu’en été l’eau et la bouteille de vin, pour rester fraîches, étaient cachées dans l’herbe ou à l’ombre de quelque buisson.
À Guernes, cette cabane du cantonnier est maçonnée en pierres et en briques pleines. Le toit bétonné forme un arc de cercle particulièrement surbaissé. En façade et au-dessous du toit, une petite ouverture exposée au Sud de 28 cm de haut sur 20 cm de large, présente aussi une partie sommitale arrondie qui laissait passer une faible clarté lorsque la porte, aujourd’hui disparue, se trouvait fermée. Cette porte offrait une ouverture de 75 cm qui convenait au passage d’une brouette. Cette cabane a pour dimensions une longueur de 3,55 m, une largeur de 3,28 m et une hauteur maximale de 2,81 m, la petite cheminée dépasse la toiture d’environ 0,80 m. La surface extérieure occupe donc une emprise au sol de 11,64 m².
Gêné par la traversée inattendue d’un animal sauvage et voulant l’éviter, un véhicule a percuté cette cabane du cantonnier en 2024. Cet accident malheureux a, sans doute, endommagé le véhicule mais aussi détruit en partie cette cabane. Cependant, le chauffeur étant un homme de l’art, c’est-à-dire un maçon, il a pu réparer rapidement cette construction.
En France, beaucoup de ces cabanes du cantonnier ont disparu car elles n’étaient plus utilisées. Celles qui subsistent peuvent parfois encore servir d’abri à quelques randonneurs surpris par l’orage. Il a été écrit qu’auparavant, elles auraient aussi servi à cacher quelques amours illicites ou les étreintes d’amoureux pressés.
Quoi qu’il en fût, aujourd’hui, ces cabanes sont prises en compte comme élément du petit patrimoine et quelques communes avec l’aide des départements restaurent ces constructions pour les sauvegarder.
Jean-Paul Landrevie professeur honoraire.