L’Hospice Saint-Charles vendu

au propriétaire du château de Sully

Hospice Saint Charles
« Une position géographique excentrée » et « un coût de fonctionnement de 250 000 euros par an » ont été les raisons données par Cécile Zammit-Popescu (LR), l’élue à la culture.

La communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), propriétaire de l’espace d’expositions qu’est l’Hospice Saint-Charles, et le nouveau propriétaire du château de Sully, négociaient depuis plusieurs mois. Le 26 septembre, les élus ont voté au conseil communautaire la désaffection et le déclassement du bâtiment, et approuvé la signature d’une promesse de vente pour un million d’euros, qui devrait être signée d’ici au premier semestre 2019. Le maire rosnéen a demandé que la vente inclut l’assurance que ce lieu culturel historique du Mantois reste ouvert au public.

En mai, Le Courrier de Mantes révélait cette potentielle cession de l’Hospice. L’acheteur était déjà désigné comme Antoine Courtois, propriétaire depuis 2016 du château voisin, qui y a depuis entamé d’importants travaux de rénovation. Celui-ci « a fait part de son intention d’acquérir le site afin de poursuivre sa restauration dans le respect des normes architecturales de l’époque, notamment de la chapelle », indique au conseil Cécile Zammit-Popescu (LR), vice-présidente en charge de la culture et maire de Meulan-en-Yvelines, de l’Hospice qui, lui aussi, nécessite un chantier de remise en état.

Jouxtant l’allée du château de Sully, l’Hospice Saint-Charles est composé d’une chapelle à coupole, d’un bâtiment rectangulaire et d’autres petits édifices articulés autour d’une cour. L’ensemble a été construit en 1820 par la duchesse de Berry, pour accueillir dans sa chapelle le cœur du duc de Berry, propriétaire du château, assassiné la même année. De l’autre côté de la cour, ouvert sur la route traversant Rosny-sur-Seine, le bâtiment séculier est destiné au soin et à l’éducation des pauvres.

Le bâtiment de style néo-classique, à la cour bordée d’arcades, au nom donné d’après le Saint patron du duc assassiné, devient propriété, comme le château, de la famille Lebaudy de 1869 à 1955. Il est utilisé comme hôpital auxiliaire lors de la première guerre mondiale, et comme dortoir pour une organisation de jeunesse de Vichy pendant la seconde. Racheté avec le château par le docteur Hertz, l’Hospice sombre dans un abandon progressif. En 1983, il est acquis par la Communauté d’agglomération de Mantes-en-Yvelines (Camy) qui le transforme en espace culturel.

Antoine Courtois compterait « y réaliser un projet culturel et social », assure Cécile Zammit-Popescu au soir du conseil. « Plusieurs constats nous ont conduit à cette décision », justifie l’élue de cette vente : « Une position géographique excentrée, […] une capacité d’accueil limitée, […] un coût de fonctionnement de 250 000 euros par an pour 250 euros de recettes », énumère-t-elle en précisant que la sauvegarde de l’Hospice, classé Monument historique depuis 1973, est estimée à « six millions d’euros ».

chapelle saint charles rosny sur seine

En 1983, l’Hospice Saint-Charles est acquis par la Communauté d’agglomération de Mantes-en-Yvelines (Camy) qui le transforme en espace culturel.

Si l’édile rosnéen Pierre-Yves Dumoulin (LR), également vice-président de GPSEO, a indiqué son accord, il a cependant regretté « la manière dont a été amenée cette délibération », évoquant le faible niveau d’information donné aux élus jusqu’à ce conseil. « L’Hospice doit rester ouvert aux Rosnéens, à la population, et en particulier aux habitants du Mantois qui ont pris l’habitude que ce soit ouvert au public, demande-t-il aussi. Je souhaite que cela soit précisé au moment de la vente. »

Dans l’opposition, Nathalie Coste, conseillère mantaise, du groupe Citoyens pour un territoire solidaire et écologique (CTSE), déplore cette vente comme sa présentation au conseil : « J’aurais préféré que le choix soit assumé de vendre pour des raisons financières, ça veut dire qu’on aurait débattu de ce que signifie le coût de la culture et du patrimoine. » La présidente du groupe Démocratie et solidarité (DS) et conseillère mantevilloise, Monique Brochot, s’inquiète du choix de l’investisseur : « [Le bâtiment] vendu à un privé, il en fera ce que bon lui plaira. »

 

Source : https://lagazette-yvelines.fr